mercredi 21 septembre 2011

Raiatea ou la chasse au trésor...

Raiatea, l’ile sacrée considérée comme le berceau du peuple et de la culture polynésienne.


Nous n’avons qu’une journée à passer sur l’île et un objectif : trouver la fameuse vanille de Tahaa, l’île voisine qui produit la plus renommée des vanilles de Polynésie.
Un élément imprévu viendra cependant perturber notre quête: le vent que la météo n’avait pas annoncé. Nous ne parvenons pas à résister à cet appel du lagon et nous naviguerons ce jour-là avec pour seule compagnie quelques petits requins à pointe noire que nous apercevons de temps en temps sous nos planches.

On devine une petite ligne turquoise au loin: le lagon.

Sortis de l’eau à un horaire déjà avancé, il est trop tard pour se rendre à la vanilleraie. Nous allons alors au marché couvert et essuyons un  premier échec, le stand vanille vient de fermer. Dehors, un marchand de pastèques vend aussi un peu de vanille. Celle-ci ne nous semble pas très belle et il nous propose alors celle de sa production personnelle à un prix défiant toute concurrence. Il faut simplement qu’un membre de sa famille la lui apporte. Heureux et confiants nous patientons le temps d’un appel téléphonique. Malheureusement, nous apprenons que le stock familial est en fait écoulé. Nouvelle déception qui voit nos chances de trouver la précieuse vanille diminuer au fur et à mesure que l’heure tourne…Soudain le visage du marchand s’éclaire et il nous dit : « Mais pourquoi vous n’êtes pas allés voir Mamie Jeanne derrière chez Pluchon ?!? ». À l’évidence pour lui ces noms auraient dû nous parler mais il n’en est rien. Alors, armés de quelques indications hasardeuses quant à la localisation de chez Pluchon, et tel Matthieu Robert dans l’émission la chasse au trésor, nous sautons dans la voiture pour une nouvelle étape de notre recherche.
Nous trouvons finalement Pluchon, une entreprise en bâtiment derrière laquelle se dressent des amas de tôles rouillées faisant plus ou moins office de cabane et un petit écriteau fait main : « Ici vente de vanille, en cas d’absence appeler… »
L’absence constatée, nous appelons donc le numéro. Une voie chevrotante nous répond : 
« - Mamie Jeanne ?
- Oui
- C’est pour la vanille 
- D’accord, alors j’arrive dans 10 minutes »
Nous patientons jusqu’à l’arrivée d’un gros pick up duquel descendra une toute petite dame à l’age avancé : Mamie Jeanne !
Mamie Jeanne en pleine action!
Elle nous ouvre sa caverne d’Alibaba, une odeur exquise s’en échappe. A l’intérieur un amoncellement de cartons et sacs en tout genre remplis de vanille. Elle commence un exposé sur le choix de la vanille, sa couleur, sa texture, son odeur. La vanille doit être de teinte chocolatée, ridée comme la peau de Mamie Jeanne, preuve d’un minutieux et lent séchage au soleil et bien sûr elle doit être le plus parfumée possible. Toutes ces vertus sont acquises grâce à un processus que sa famille maîtrise depuis 3 générations. Les explications de cette charmante petite dame passionnée nous émerveillent et chacune des gousses qu’elle nous tend enivrent nos sens.
Une fois notre vanille choisie, pesée et emballée, Mamie Jeanne prend bien soin d’y agrafer une petite carte qui arbore fièrement « Me Jeanne Chane, Officier de l’Ordre du Mérite Agricole ». En partant elle nous glisse à l’oreille qu’à Paris, au Ministère, on envisage de la nommer prochainement Commandeur…

Mamie Jeanne, officier de l'ordre du mérite agricole